A l’automne 1888, Paul Sérusier (1864-1927) rapporte de Pont-Aven un petit paysage peint sous la direction de Paul Gauguin, qui deviendra le Talisman d’un groupe de jeunes peintres formé au sein de l’Académie Julian à Paris : les Nabis, nom provenant de l’arabe et de l’hébreu qui signifie « prophètes » ou « inspirés ».
Ces artistes d’avant-garde à la fin du 19ème sont aujourd’hui célèbres au niveau international : Maurice Denis, Pierre Bonnard, Paul Ranson (1861-1909) qui donnera son nom à l’Académie qu’ils créeront ensemble en 1908, Henri-Gabriel Ibels le « nabi journaliste » et Auguste Cazalis.
D’autres les rejoindront rapidement : Édouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Georges Lacombe (1868-1916), le « nabi sculpteur », ou encore Aristide Maillol. Les étrangers ne seront pas en reste, avec le néerlandais Jan Verkade, le danois Mogens Ballin, le suisse Félix Vallotton ou le hongrois Jozsef Rippl-Ronai.
Les Nabis offrent leur vision du monde à travers leur peinture aux formes simples et épurées et aux aplats de couleurs francs, rompant ainsi avec les codes de l’Impressionnisme. Leurs compositions font souvent référence à leur appétence respective pour l’ésotérisme et les sciences occultes.
« Un conseil, ne copiez pas trop d’après nature. L’art est une abstraction. Tirez-la de la nature en rêvant devant et pensez plus à la création qu’au résultat. »
Lettre de Paul Gauguin à Emile Schuffenecker, Quimperlé, 14 août 1888
Le mouvement n’aura pas eu une durée de vie remarquable. Au bout de quelques années, en 1900, le groupe des Nabis se dissout et chacun emprunte des directions différentes.