Chemin Impressionniste Place MalrauxChemin Impressionniste Place Malraux
©Chemin Impressionniste Place Malraux|OTI SGBS

Le Chemin des Impressionnistes à Saint-Germain-en-Laye

Cet itinéraire de 3.5 km vous invite à explorer les quartiers Cœur de Ville, Debussy/Schnapper et le quartier de l’Hôpital à travers six reproductions d’œuvres de trois artistes majeurs.

Plongez dans l’évolution de la ville à travers les regards des peintres impressionnistes Philippe Parrot-Lecomte et Giuseppe De Nittis, et laissez-vous emporter par l’univers de Maurice Denis, figure emblématique du mouvement Nabi.

En un coup d'œil

 Le mouvement Nabi

A l’automne 1888, Paul Sérusier (1864-1927) rapporte de Pont-Aven un petit paysage peint sous la direction de Paul Gauguin, qui deviendra le Talisman d’un groupe de jeunes peintres formé au sein de l’Académie Julian à Paris : les Nabis, nom provenant de l’arabe et de l’hébreu qui signifie « prophètes » ou « inspirés ».

Ces artistes d’avant-garde à la fin du 19ème sont aujourd’hui célèbres au niveau international : Maurice Denis, Pierre Bonnard, Paul Ranson (1861-1909) qui donnera son nom à l’Académie qu’ils créeront ensemble en 1908, Henri-Gabriel Ibels le « nabi journaliste » et Auguste Cazalis.

D’autres les rejoindront rapidement : Édouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Georges Lacombe (1868-1916), le « nabi sculpteur », ou encore Aristide Maillol. Les étrangers ne seront pas en reste, avec le néerlandais Jan Verkade, le danois Mogens Ballin, le suisse Félix Vallotton ou le hongrois Jozsef Rippl-Ronai.

Les Nabis offrent leur vision du monde à travers leur peinture aux formes simples et épurées et aux aplats de couleurs francs, rompant ainsi avec les codes de l’Impressionnisme. Leurs compositions font souvent référence à leur appétence respective pour l’ésotérisme et les sciences occultes.

« Un conseil, ne copiez pas trop d’après nature. L’art est une abstraction. Tirez-la de la nature en rêvant devant et pensez plus à la création qu’au résultat. »
Lettre de Paul Gauguin à Emile Schuffenecker, Quimperlé, 14 août 1888

Le mouvement n’aura pas eu une durée de vie remarquable. Au bout de quelques années, en 1900, le groupe des Nabis se dissout et chacun emprunte des directions différentes.

Philippe Parrot-Lecomte

Place du château, 1890 Philippe Parrot-Lecomte (1859-1936), huile sur toile Saint-Germain-en-Laye, musée Ducastel-Vera, inv. 2021.6.1. ©Photo : M. Bury.

Parrot-Lecomte, figure artistique majeure de Saint-Germain-en-Laye, commence sa carrière grâce à Ernest Meissonnier, peintre et sculpteur renommé de Poissy, qui devient son mentor. Dès le Salon de 1878, il se fait remarquer par son style d’abord académique, qu’il abandonne rapidement pour une écriture plus libre et expressive. Organisateur d’expositions annuelles et créateur d’affiches pour la célèbre Fête des Loges, il enseigne également la peinture et le dessin, comptant parmi ses élèves Eva et Marthe Meurier. Après un premier mariage avec Eva, qui prend fin rapidement, il épouse en 1903 Blanche Dejean, pianiste reconnue, avec qui il a deux filles. Ses œuvres, principalement des paysages de Saint-Germain, des portraits et des scènes de vie quotidienne, sont exposées dans des régions comme la Normandie et la Bretagne. Bien que plusieurs pièces soient conservées au Musée municipal Ducastel-Vera, la majorité se trouve dans des collections privées, témoignant de son impact durable sur l’art local.

Giuseppe De Nittis et ses amis impressionnistes

À Paris, Giuseppe De Nittis tisse des liens étroits avec les maîtres de l’impressionnisme, notamment Manet, Degas et Caillebotte, comme en témoignent leurs échanges épistolaires, les dons artistiques (Manet réalise un portrait de De Nittis, tandis que Degas peint son épouse Léontine et leur fils Jacques) et les œuvres qui illustrent leurs influences réciproques. Par exemple, Manet et De Nittis abordent à quelques mois d’écart le thème de la « Femme avec un chat », tandis que Degas et De Nittis explorent chacun les variations lumineuses en Normandie et dans le sud de l’Italie. Caillebotte partage également des moments de création avec De Nittis à Naples, comme en témoignent leurs tableaux « Une route à Naples » et « Sur la route vers Castellammare », où les deux artistes semblent peindre dos à dos. De Nittis rend hommage à leur amitié dans « La route de Naples à Brindisi », représentant Caillebotte en train de peindre depuis une calèche. Grâce à ces amitiés, De Nittis participe en 1874 à la première exposition des impressionnistes à Paris et inaugure en 1879 la galerie de la Vie Moderne, consolidant ainsi sa place dans l’avant-garde artistique de son époque.

Maurice Denis Un artiste intimement lié à Saint-Germain-en-Laye

Maurice Denis (1870-1943), figure emblématique du symbolisme, a passé sa vie à Saint-Germain-en-Laye. Découvrez son lien profond avec la ville, aujourd’hui mise en lumière au musée Maurice Denis.

Le parc du château, la forêt et la Mare aux canes ont nourri ses œuvres, reflétant les paysages et la lumière changeante de Saint-Germain-en-Laye. De ses débuts au 9 rue des Ecuyers jusqu’à son installation définitive au Prieuré, découvrez où il a vécu et travaillé. Explorez ses créations au musée Maurice Denis pour plonger dans l’univers de ce maître du symbolisme.

Maurice Denis et les Nabis

Des disciples de Gauguin
A l’automne 1888, Paul Sérusier rapporte )de Pont-Aven un petit paysage du Bois d’amour peint sous la direction de Paul Gauguin, qui deviendra le Talisman d’un groupe de jeunes peintres formé au sein de l’Académie Julian à Paris : les Nabis, nom provenant de l’arabe et de l’hébreu qui signifie « prophètes » ou « inspirés ». Bien que continuateurs de l’impressionnisme, ils apportent une nouvelle dimension à la peinture, qui soit la transpo­sition de leur sujet intérieur, de leurs émotions, et pas seulement « une fenêtre ouverte sur la nature ».

Un groupe d’amis artistes
Les Nabis constituent un groupe d’avant-garde à la fin du XIXème siècle. Ces jeunes artistes réunis autour de Paul Sérusier, sont aujourd’hui célèbres et représentés dans les musées du monde entier : Maurice Denis, Pierre Bonnard, Paul Ranson qui donnera son nom à l’Académie qu’ils créeront ensemble en 1908, Hen­ri-Gabriel Ibels le « nabi journaliste » et Auguste Cazalis.

D’autres rejoindront rapidement ce groupe initial : Édouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Georges Lacombe le « nabi sculpteur », ou encore Aristide Maillol.

Les étrangers ne seront pas en reste, avec le néerlandais Jan Verkade, le danois Mogens Ballin, le suisse Félix Vallot­ton ou le hongrois Jozsef Rippl-Ronai. Ces artistes resteront toute leur vie liés par des liens d’amitié.

Le Prieuré des origines à nos jours

Un Hôpital général royal

C’est à Saint-Germain-en-Laye, dans la vallée de Feuillancourt, que Madame de Montespan fonde à la fin du XVIIe siècle, avec le soutien du roi Louis XIV, un Hôpital général royal. Le projet d’origine prévoit la construction de deux ailes disposées en symétrie de part et d’autre d’une chapelle, sur le modèle médiéval des hôtels-Dieu. L’aile sud abrite les salles de service et d’intendance, un escalier monumental à double révolution, ainsi que les salles des malades sur deux niveaux de galerie. La clef de voûte des anciennes cuisines (actuel accueil du Musée) porte la date de 1692. La chapelle est dédiée à saint Louis, né à Poissy et élevé sur les terres de Feuillancourt au château Bouret. En 1718, les travaux sont interrompus. L’aile nord ne sera jamais construite, faisant perdre à la chapelle son rôle régulateur de symétrie.

En 1753, l’Hôpital devient un hospice. Napoléon Bonaparte lui préfère, en 1802, l’Hôtel-Dieu de la Charité. Le site est donc délaissé et désaffecté.

Une propriété privée, un temps occupée par des Jésuites

En 1817, la propriété est vendue, la destination des espaces et les locataires se succèdent. Le bâtiment accueille une fabrique en 1848 et la chapelle une dépendance de la tannerie Delbut. Peu après, l’édifice est cédé au peintre Joseph-Désiré Court, qui y installe son atelier, puis à la danseuse Fanny Elssler, qui le transforme en studio chorégraphique.

Corps de garde des Allemands pendant la guerre franco-prussienne, la propriété est ensuite acquise par la famille Mignon, qui la confie en 1875 aux pères Jésuites. Ceux-ci y opèrent plusieurs transformations intérieures, comme l’aménagement de chambres pour accueillir des retraitants dans une partie de la chapelle et l’installation d’une petite chapelle attenante à la première pour la célébration des offices. Suite à la loi de 1901 sur les associations, les Jésuites perdent la jouissance de la propriété, dont ils sont expulsés en 1905 après une longue période de procès. La famille Mignon met alors le bâtiment à la disposition de la paroisse et la grande chapelle est transformée en salle de patronage.

Maurice Denis au Prieuré

Maurice Denis a longtemps été locataire dans le voisinage du vieil Hôpital, jouissant d’une vue panoramique sur le site depuis le 59 rue de Mareil où il s’installe, en 1900, avec sa famille. En 1910, il obtient de la paroisse l’autorisation d’occuper une partie du bâtiment et y installe une extension de son atelier. En 1912, afin de pouvoir créer les grands décors qui ornent la coupole du théâtre des Champs-Elysées, il loue le terrain contigu à la chapelle et y fait construire un grand atelier sous la supervision de l’architecte Auguste Perret. Il rêve alors d’une installation pérenne dans ce qu’il appelle désormais « Le Prieuré ».

En 1914, il parvient à acquérir le domaine et fait restaurer et aménager la vaste bâtisse ainsi que le jardin. Devenue un lieu harmonieux, cadre de sa vie familiale, cette maison est aussi un foyer de vie artistique et intellectuelle où il crée une grande partie de son œuvre et reçoit amis et élèves.

Un incontournable  à découvrir

En 1976, le département des Yvelines achète le domaine. Après des travaux visant à adapter les espaces à leurs nouvelles fonctions, ainsi qu’à retrouver la pureté de l’architecture d’origine, le musée – consacré à Maurice Denis, aux artistes symbolistes et Nabis et à leur temps – accueille ses premiers visiteurs en octobre 1980.